J’ai commencé par chanter et le rapport entre chant et musique est resté fondamental dans ma pratique, comme dans ma pédagogie. Mon premier instrument fut l’orgue et j’en ai juste gardé une certaine facilité pour les claviers. J’utilise parfois l’accordéon chromatique et les synthétiseurs pour la création de bandes sonores.
La guitare a été mon deuxième instrument et je joue aujourd’hui plusieurs instruments à cordes pincées : guitares, mandoline, bouzouki, saz (luth du Sud-Ouest asiatique) et ’ûd (luth oriental).
Les trois instruments à archet que j’utilise sont le violon, le kamantcheh persan et le gheytchak alto (appelé aussi sorud), issus de trois grandes cultures eurasiatiques. Le gheytchak se rattache à l’aire indo-persane, le kamantcheh à l’Asie Centrale, au Caucase et à la Perse, le violon à l’Europe puis au monde entier via la colonisation. Ils ont en commun d’utiliser des matériaux naturels (bois, boyaux, peaux) et du crin de cheval pour l’archet. Ce sont les instruments du nomadisme, du mouvement et leurs formes ont évolué au gré de leurs voyages.
– le kamantcheh persan : il apparaît sur les miniatures médiévales persanes. On le retrouve sous de nombreuses variantes de la Chine à l’Afrique. « Kamantcheh » vient du persan petit ("tcheh" est le diminutif) ; arc ("keman"). L’arc, objet de chasse, est ainsi détourné de sa fonction première pour devenir objet musical. Le kamantcheh a été utilisé tant dans l’Empire Ottoman, dans l’Empire Moghol de l’Inde du Nord que dans les cours persanes. Le kamantcheh persan est aujourd’hui un instrument de lutherie iranienne et sert à interpréter la musique classique persane.
– le gheytchak : instrument des tribus nomades indo-persanes (notamment des baloutches), on le trouve de l’Inde à l’Iran du Sud-Est sous différentes appellations (gheytchak, sorud...). Au kazakhstan (Asie Centrale), le kobyz fait parti de la même famille mais se différencie par ses deux cordes en crin de cheval. Les tribus baloutches l’utilisent encore pour appeler les divinités, soigner par la transe. Le kobyz était également un instrument fortement lié au chamanisme. Le modèle que j’utilise est de lutherie moderne, au départ adapté à la musique persane pour apporter des basses aux ensembles musicaux. A la différence des modèles baloutches, ce type d’instrument n’utilise pas de cordes sympathiques et ses 4 cordes sont toutes en acier. Mon gheytchak est un modèle alto. J’ai créé mon propre jeu, influencé tant par les musiques occidentales, turques, baloutches, persanes qu’indiennes.
– le violon : instrument emblématique européen depuis la renaissance, tant dans les musiques savantes que populaires, le violon a été mon premier instrument à archet. Je joue principalement avec un Claude Chevrier (1798-1878) qui appartenait à ma grand-mère, laquelle le tenait de son professeur et grand-père maternel Louis Corbin.